Ma chère Jane.
Il ne faudra pas m’en vouloir si de deux jours je ne t’ai pas écrit, il y a eu chez moi un peu de laisser-aller. J’aurais pu t’écrire je le reconnais.
Nous arrivons à l’instant de passer une revue devant le général GOURAUD. Toute la division y assistait. Tout s’est bien passé et je suis content d’avoir vu pour la 1ère fois ce glorieux soldat (NB: Le général GOURAUD a été gravement blessé en avril 1915 dans les DARDANELLES, il est amputé d’un bras. Noter les propos d’un soldat envers un général.). Il nous a fait, paraît-il, un superbe discours, je te dirai quant à moi que je n’ai pas entendu une seule des paroles qu’il a prononcées (NB: il n’y avait pas de micro!) .
Toujours en bonne santé et je t’aime beaucoup. Comment allez vous vous-même. Je n’ai rien reçu aujourd’hui si ce n’est qu’une lettre de Louis B…….
Ne m’attends pas encore, les permissions sont suspendues jusqu’au jour où nous serons installés à notre nouvelle et prochaine position.
Bonjour à tous. Mille gros baisers de ton chéri.
Albin.